Urgences nous a fait découvrir l'envers du décor du milieu hospitalier (enfin pas tout à fait disent les vrais médecins). Sa pression, ses responsabilités multiples, ses litres d'hémoglobine ou encore l'influence néfaste du boulot de médecin sur la vie personnelle. Toutes ces petites choses qui ont réussi à sensibiliser et à captiver les téléspectateurs durant une dizaine d'années, au fil de près de 300 épisodes.
Dès les débuts d'Urgences, en 1994 aux Etats-Unis et deux ans plus tard sur nos télévisions, les scénaristes ont su trouver le bon filon. Montrer du sang, des cicatrices et des plaies ouvertes, parler de convulsions ou d'intubations oui, mais pas au point de rendre le téléspectateur lui-même malade. Plutôt le confronter aux angoisses que vivent à la fois les familles des victimes et les médecins en pleine action. Diversifier aussi les intrigues : de banals accidents de voitures passer à des carambolages monstrueux entre un train et un autre véhicule.
Et puis, il y a aussi ces épisodes qui ont marqué la série : l'agression de Mark Greene puis celle de Carter et de la jeune interne Lucy (qui en décédera) dans les locaux du Cook County (l'hôpital de Chicago), le départ de Doug Ross (George Clooney) de la série, les aventures de Carter et Kovac au Congo, l'écrasement d'un hélicoptère sur les murs de l'hôpital,...des aventures avant tout humaines où, bien sûr, il y a des vies à sauver, mais ce sont surtout celles de ces médecins et chirurgiens qui importent. Urgences, c'est un savant mélange de problèmes professionnels et personnels où des personnalités bien différentes sont confrontées à des questions de société : faire partie d'une minorité ethnique, avoir un enfant handicapé ou en pleine crise d'adolescence ou encore vivre au grand jour une relation homosexuelle.
Mais voilà, si ces formules ont été gagnantes durant dix saisons, c'est surtout parce que ces médecins étaient devenus familiers aux téléspectateurs. Malheureusement, petit à petit, les uns après les autres, les personnages principaux s'en sont allés. Docteurs Ross, Greene, Benton, Corday et le dernier en date Carter. Tous ceux qui avaient fait les beaux jours de la série. Comment oublier d'ailleurs que la série nous avait offert George Clooney, devenu depuis lors un acteur et un réalisateur incontournable (il a notamment obtenu cette année un Oscar pour son rôle dans Syriana, son propre film) ?
Urgences, c'est une aventure d'une dizaine d'années qui, si elle est repartie pour une treizième saison aux Etats-Unis, semble quand même toucher à sa fin, l'âme de la série s'étant peu à peu envolée.
L'occasion dès lors pour une nouvelle série, un peu dans la même veine, de se faire connaître. Avec Grey's Anatomy, on pouvait s'attendre à un copier-coller de ce qu'il se passait au sein de l'hôpital de Chicago. Et pourtant non. À Seattle, c'est autre chose que vivent ces internes en première année de médecine chirurgicale. Les cas dramatiques s'enchaînent moins vite, les personnages, jeunes, ont parfois un passé chargé (la mère de Meredith Grey est une ancienne chirurgienne de renom aujourd'hui atteinte de la maladie d'Alzheimer) et ne sont pas infaillibles donc sujets à quelques erreurs... ce qui peut parfois donner lieu à des situations cocasses.
Et puis, il règne dans cette équipe un esprit fraternel. Il reste même la place pour une histoire d'amour entre une interne et un chirurgien de l'hôpital. Grey's Anatomy, dont la première saison ne comptait que neuf épisodes, a fait sensation dès sa diffusion. On ne sait pas si la série comptera autant d'épisodes qu' Urgences, on ne sait pas non plus si ses personnages vont autant marquer la télévision, mais la série entame déjà sa troisième saison aux Etats-Unis.